Pourquoi certaines des meilleures footballeuses de la planète ont toutes décidé d’aller jouer leur saison 2020-2021 en Angleterre ?
C’est comme si un aimant géant à footballeuses venait d’être installé au Royaume-Uni. Le pays attire les meilleures joueuses de la planète comme des mouches. Anglaises, Françaises, Américaines, Australiennes… rien n’échappe au filet de pêche géant qui a été lancé par les clubs de la FA Women’s Super League depuis le début de la trêve mondiale du sport en raison du virus. Et le COVID-19 y est d’ailleurs un petit peu pour quelque chose, sans pour autant en être la seule raison.
En dehors du volume important de joueuses internationales transférées en Angleterre (plus d’une trentaine en quelques mois à peine), c’est surtout leur calibre qui surprend le plus. Nombreuses sont les internationales, qui ont notamment disputé la dernière Coupe du monde 2019 en France, qui fouleront les pelouses des stades britanniques cette saison : Alex Morgan, Pernille Harder, Lucy Bronze, Tobin Heath, Rose Lavelle, Valérie Gauvin, Christen Press, Caitlin Foord, Sam Mewis… une liste de stars qui semble interminable (voir plus bas).
Au regard du football féminin aujourd’hui, ce constat semble presque logique, comme une évidence. Mais donc, pourquoi l’Angleterre ?
Bye bye USA
Si auparavant les joueuses rêvaient toutes d’aller vivre leur “American Dream” dans le pays où le “women’s soccer” est roi, les regards et les valises se tournent désormais vers l’Angleterre. La première raison se trouve à court terme. L’aggravation de l’épidémie et la crise sanitaire aux Etats-Unis a compromis le déroulé de la saison 2020 du championnat national (National Women’s Soccer League), qui se tient normalement de mi-avril à septembre, et a dû être remplacé cette année par deux tournois. Sans réelle compétition avant l’été 2021, les joueuses n’ont aucune bonne raison de se diriger vers les USA, ou même d’y rester. D’autant plus que le prochain grand rendez-vous de football féminin, les Jeux Olympiques, n’aura lieu que dans 1 an également. Les footballeuses concernées ont même vu cette “année blanche” comme une opportunité idéale pour réaliser un séjour à l’étranger. Les transferts et prêts de moins d’un an ont ainsi explosé en provenance de la NWSL.
Autre constat, contrairement aux championnats américains et australiens, les ligues européennes ont un format plus long. Aux Etats-Unis la NWSL dure 5 mois d’affilée. Dès la fin, en septembre, la plupart des joueuses prennent alors le premier avion pour continuer le football en Australie, ou la W-League se joue entre novembre et février. Puis retour à la case départ NWSL en avril. Ce rythme de vie est aussi intense qu’indispensable pour des joueuses qui ne peuvent pas se permettre de rester sans emploi 2/3 de l’année. En Angleterre, elles bénéficieront d’une véritable saison de haut niveau avec 22 matches de championnat et 2 coupes nationales à disputer, sans oublier la Ligue des Champions (pour Chelsea et Manchester City).
Professionnalisation et gage de qualité
Ce ne sont pas que les joueuses qui ont compris le potentiel que représente l’Angleterre, une nation qui s’est imposée en quelques années à peine comme l’une des plus grandes du football mondial. Même Sarina Wiegman, sélectionneuse des Pays-Bas (Championne d’Europe 2017 et finaliste de la Coupe du monde 2019), a récemment décidé de troquer ses lionnes oranges pour les Lionesses. Ce qui l’a poussée à choisir la sélection nationale anglaise sont en grande partie les aménagements et moyens fournis par les équipes de la WSL aux joueuses qui y évoluent. De même, l’intérêt de la fédération (FA) pour le football féminin ne fait qu’accroitre : comme un symbole, depuis le début de l’année 2020, les joueuses de la sélection nationale ont reçu le même salaire que les hommes. Une chose pour laquelle les Etats-Unis se battent encore.
C’est ce genre d’atouts qui attirent les joueuses cherchant à évoluer dans les meilleures conditions possibles. Avec l’intérêt, et donc les investissements grandissants des meilleurs clubs masculins du pays (Manchester United, Tottenham et West Ham rattrapent petit à petit leur retard) les sections féminines en ressortent grandes gagnantes. Nombreuses sont celles qui partagent leurs équipements et installations avec les sections masculines, leur donnant accès à des services de meilleure qualité.
En gardant en tête que la prochaine Coupe du monde aura lieu chez elles en 2023, les joueuses Australiennes sont arrivées en masse dans le championnat anglais dans le but de profiter de ce tremplin pour évoluer et gagner en expérience pendant les 3 prochaines années. Leur capitaine, Sam Kerr, avait lancé la tendance en débarquant à Chelsea en fin d’année dernière. Depuis, beaucoup de ses compatriotes l’ont imitée. A titre de comparaison, en 2019, sur les 23 Matildas sélectionnées pour la Coupe du monde, aucune d’entre elles n’évoluait en Angleterre. Aujourd’hui, elles sont 9.
La meilleure des scènes
Que ce soit pour les hommes comme pour les femmes, le rêve le plus souvent lié à une carrière footballistique est de décrocher une Ligue des Champions. Les Lyonnaises le savent bien, même après 7 titres dont 5 de rang, la sensation de survoler la planète football est toujours la même lorsque l’on soulève ce trophée européen.
D’autant plus que le format de la compétition est voué à changer dès la saison prochaine : à partir de l’exercice 2020-21, des phases de poules seront introduites, et ce seront désormais les 3 clubs les mieux classés des meilleurs championnats d’Europe qui seront qualifiés pour la Champions League. Parmi les pays ayant le meilleur coefficient UEFA et qui bénéficient de ces 3 billets se trouve bien sûr… l’Angleterre (4e).
Sans oublier bien sûr que le prochain Euro féminin (repoussé à 2022) aura lieu là-bas aussi, et que l’intérêt des locaux pour la discipline ne fait que grandir à l’image des 77.768 supporters venus encourager la sélection face à l’Allemagne en fin d’année dernière ou du record atteint avec les 38.262 fans présents pour le North London Derby entre Tottenham et Arsenal, un record. Si cette saison les stades ne pourront pas être remplis, cela n’empêche pas l’exercice 2020-2021 du championnat anglais d’être sous le feu des projecteurs.
Liste des transferts/prêts les plus marquants vers la FA Women’s Super League durant les derniers mois :
Alex Morgan (USA) : Orlando Pride -> Tottenham
Rose Lavelle (USA) : OL Reign -> Manchester City
Valérie Gauvin (FRA) : Montpellier -> Everton
Pernille Harder (DAN) : Wolfsburg -> Chelsea
Lucy Bronze (ANG) : Olympique Lyonnais -> Manchester City
Christen Press (USA) : Utah Royals -> Manchester United
Tobin Heath (USA) : Portland Thorns -> Manchester United
Caitlin Foord (AUS) : Sydney FC/Portland Thorns -> Arsenal
Sam Mewis (USA) : NC Courage -> Manchester City
Rachel Daly (ANG) : Houston Dash -> West Ham
Jess Fishlock (GAL) : OL Reign -> Reading FC
Hayley Raso (AUS) : Brisbane Roar/Portland Thorns -> Everton
Alex Greenwood (ANG) : Olympique Lyonnais -> Manchester City
Alanna Kennedy (AUS) : Sydney FC/Orlando Pride -> Tottenham
Steph Catley (AUS) : Melbourne City/OL Reign -> Arsenal
Lydia Williams (AUS) : Melbourne City/OL Reign -> Arsenal
MacKenzie Arnold (AUS) : Brisbane Roar/Chicago Red Stars -> West Ham
Claire Emslie (SCO) : Orlando Pride -> Everton
Emily Van Egmond (AUS) : Melbourne City/Orlando Pride -> West Ham
Izzy Christiansen (ANG) : Olympique Lyonnais -> Everton